Vitamine D : et si elle aidait vraiment nos enfants à mieux dormir ?
Chers amis de la santé,
Ici Lucie 🌿, toujours fidèle au poste pour vous transmettre ce que la science rigoureuse peut nous apprendre… surtout quand il s’agit de sommeil chez nos enfants.
Aujourd’hui, je vous parle d’un sujet que j’ai découvert avec étonnement en lisant une grande revue scientifique parue dans l’International Journal of Molecular Sciences (1). Elle passe en revue 14 études cliniques sur un lien encore peu connu : celui entre vitamine D et sommeil, chez les enfants et adolescents
1. Moins de vitamine D, plus de troubles du sommeil ?
Oui, c’est ce que montrent plusieurs études cliniques analysées dans cette revue :
📌 En Chine, chez 800 adolescents, ceux qui avaient un faible taux de vitamine D (25(OH)D) étaient plus susceptibles de dormir moins de 9 heures par nuit (2).
📌 Dans une étude sur 618 enfants de 10 à 12 ans, une carence en vitamine D (<20 ng/mL) augmentait de 73 % le risque de somnolence diurne excessive (3)
📌 Une étude clinique rétrospective menée auprès de 39 enfants âgés de 2 à 17 ans a montré que ceux qui avaient une carence en vitamine D (<30 ng/mL) dormaient en moyenne 50 minutes de moins par nuit, avaient une efficacité de sommeil réduite (84,5 % contre 91,9 %), et se couchaient plus tard en semaine comme le week-end, comparés à ceux ayant un taux suffisant. Ces résultats, objectivement mesurés par polysomnographie, suggèrent un lien clair entre carence en vitamine D, réduction du temps de sommeil et qualité altérée du repos nocturne. (4)
👉 Les auteurs suggèrent que cette carence pourrait perturber la structure même du sommeil, et décaler le rythme circadien, cette horloge biologique interne qui permet à l’enfant de s’endormir naturellement à heure régulière et de se réveiller reposé. (5)
📌 Chez les tout-petits, des taux faibles de vitamine D dans le sang de cordon à la naissance étaient associés à une durée de sommeil réduite à 2, 3 et 5 ans. Cette étude de Yong et al. montre une corrélation entre les niveaux de vitamine D dans le sang de cordon et les troubles du sommeil jusqu’à 6 ans. (6)
Cela souligne l’importance d’un bon statut en vitamine D chez la mère pendant la grossesse, pour favoriser un développement cérébral optimal chez l’enfant… y compris en matière de sommeil.
2. Apnée du sommeil, fatigue, comportement… la vitamine D semble impliquée
Chez des enfants souffrant d’apnée obstructive du sommeil, les chercheurs ont observé des taux de vitamine D significativement plus bas. Une étude rapporte qu’une supplémentation courte (4 semaines de calcitriol) a permis de réduire certains troubles du comportement chez ces enfants — même si les paramètres respiratoires n’étaient pas modifiés.
3. Mais alors… comment la vitamine D agit-elle sur le sommeil ?
Voici ce que disent clairement les chercheurs de cette revue.
👉 La vitamine D agit directement dans le cerveau, car ses récepteurs (VDR) sont présents dans des régions clés de la régulation du sommeil : cortex préfrontal, hippocampe, thalamus, hypothalamus, gyrus cingulaire, noyau caudé, substance noire…
Elle influence ainsi :
- – La dopamine, en protégeant les neurones impliqués dans l’attention et l’éveil
- – La sérotonine, en activant une enzyme cérébrale appelée TPH2
- – Et surtout… la mélatonine, l’hormone du sommeil
✨ Comment ? En facilitant la transformation du tryptophane (un acide aminé) en sérotonine, puis en mélatonine, via la régulation de l’enzyme TPH1 dans la glande pinéale.
En clair : pas assez de vitamine D = moins de sérotonine = moins de mélatonine = un sommeil perturbé.
La vitamine D contribue aussi à réduire l’inflammation cérébrale, qui peut dérégler nos horloges biologiques. Elle diminue des molécules inflammatoires comme l’IL-1 ou le TNF-α, connues pour fragmenter le sommeil.
4. Concrètement, que faire ?
- – Privilégier une exposition quotidienne à la lumière naturelle, bras et jambes au soleil (15 à 20 min selon la saison).
- – Vérifier son statut en vitamine D par une simple prise de sang, surtout en hiver.
- – Sur avis médical, une supplémentation peut être envisagée, surtout si le taux est inférieur à 30 ng/mL.
En résumé,
La vitamine D, longtemps cantonnée au rôle de “vitamine des os”, est aussi une actrice du sommeil, via le cerveau, la mélatonine et le système immunitaire. Chez les enfants, un bon taux pourrait faire toute la différence : endormissement plus facile, sommeil plus profond, moins de fatigue en journée.
Rien de magique, mais des pistes sérieuses, validées et naturelles 🌿
Avec toute mon affection et mon goût pour la rigueur scientifique bien transmise ✨
Lucie
* texte contrôlé et validé par le Pr Henri Joyeux
1) Prono, F.; Bernardi, K.; Ferri, R.; Bruni, O. The Role of Vitamin D in Sleep Disorders of Children and Adolescents: A Systematic Review. Int. J. Mol. Sci.2022, 23, 1430. https://doi.org/10.3390/ijms23031430
2) Gong, Q.-H.; Li, S.-X.; Li, H.; Chen, Q.; Li, X.-Y.; Xu, G.-Z. 25-Hydroxyvitamin D Status and Its Association with Sleep Duration in Chinese Schoolchildren. Nutrients 2018, 10, 1013.
3) Sung, M.; Rhie, S.; Kim, J.H.; Lee, S.W.; Ha, E.K.; Jee, H.M.; Yoo, E.-G.; Chae, K.Y.; Han, M.Y. Assessment of vitamin D, exercise, and lipid profile associated with excessive daytime sleepiness in school children. Sleep Med. 2021, 77, 51–57.
4) Al-Shawwa, B.; Ehsan, Z.; Ingram, D.G. Vitamin D and sleep in children. J. Clin. Sleep Med. 2020, 16, 5.
5) C.Y.; Reynaud, E.; Forhan, A.; Dargent-Molina, P.; Heude, B.; Charles, M.-A.; Plancoulaine, S.; Annesi-Maesano, I.; Bernard, J.Y.; Botton, J.; et al. Cord-blood vitamin D level and night sleep duration in preschoolers in the EDEN mother-child birth cohort. Sleep Med. 2019, 53, 70–74.
6) Yong, C.Y.; Reynaud, E.; Forhan, A.; Dargent-Molina, P.; Heude, B.; Charles, M.-A.; Plancoulaine, S.; Annesi-Maesano, I.; Bernard,
J.Y.; Botton, J.; et al. Cord-blood vitamin D level and night sleep duration in preschoolers in the EDEN mother-child birth cohort. Sleep Med. 2019, 53, 70–74.