Comment les oméga-3 façonnent le cerveau, l’attention et l’immunité de l’enfant
Chers amis de la santé,
Ici Lucie 🌿, toujours fidèle au poste pour vous partager ce que la science, la nutrition et le bon sens peuvent nous apprendre pour accompagner nos enfants au mieux. Aujourd’hui, je vous propose de plonger ensemble dans le vaste univers des oméga-3.
Ce nom vous dit sans doute quelque chose. On en entend parler dans les journaux santé, les blogs, chez certains médecins… Mais concrètement, à quoi servent ces acides gras chez nos enfants ? Sont-ils vraiment utiles ? Quels sont les réels effets documentés sur la mémoire, l’attention, les troubles du comportement, ou encore la régulation de l’humeur ? Et comment les intégrer simplement dans le quotidien familial ?
J’ai consulté pour vous une dizaine d’études scientifiques récentes sur le sujet. Et vous allez voir : c’est passionnant
Le cerveau : un organe fait de graisse… de qualité
Le cerveau d’un enfant est en pleine construction. Saviez-vous que 60 % de sa composition est faite de graisse ? Et parmi celles-ci, certaines sont tout simplement essentielles. Le DHA (acide docosahexaénoïque), un oméga-3 à longue chaîne, est l’un des composants principaux des membranes neuronales. Il est indispensable à la fluidité des synapses, au bon fonctionnement des neurotransmetteurs (comme la dopamine ou la sérotonine), et donc à la mémoire, la concentration, la stabilité émotionnelle.
Le DHA, un oméga-3 essentiel, est indispensable à la fluidité des synapses, à la mémoire, à la concentration et à la stabilité émotionnelle des enfants.
Mécanismes cérébraux profonds : ce que disent les neurosciences
Les oméga-3 sont impliqués dans la myélinisation des neurones, la formation des connexions synaptiques, la plasticité cérébrale, la modulation de l’inflammation neuronale et même l’expression de certains gènes associés à la croissance neuronale [1,5]. Ils ne sont donc pas juste « utiles » : ils participent directement à la construction des circuits cérébraux.
Qu’est-ce que la myélinisation des neurones ?
La myélinisation est un processus biologique essentiel dans le développement du cerveau. Il s’agit de la formation de la gaine de myéline, une sorte d’enveloppe isolante qui entoure les prolongements des neurones (les axones), un peu comme le plastique autour d’un fil électrique.
Cette gaine permet :
- – une transmission plus rapide et plus efficace des signaux nerveux,
- – une meilleure coordination des mouvements,
- – le développement de fonctions cognitives plus complexes (comme la lecture, la mémoire, l’attention).
Les oméga-3 participent directement à la myélinisation des neurones, un processus clé pour une transmission nerveuse rapide et le développement cognitif.
Chez l’enfant, la myélinisation commence dès la vie fœtale et se poursuit jusqu’à l’adolescence, avec des pics pendant les 2 premières années de vie. Et pour former cette gaine, le cerveau a besoin de lipides spécifiques… dont les fameux oméga-3, en particulier le DHA 🧠
Des chercheurs canadiens ont mené une étude longitudinale sur 154 enfants inuits, dont les mères avaient consommé beaucoup de poissons riches en DHA pendant la grossesse. Ces enfants, à l’âge de 11 ans, présentaient de meilleures performances en mémoire épisodique, ainsi que des activations neuronales plus efficaces à l’IRM fonctionnelle [6].
Les 1000 premiers jours : le moment clé
Une revue scientifique parue en 2022 a passé au crible plus de 60 études sur les effets des oméga-3 pendant la grossesse et les premières années de vie. Elle montre que les enfants exposés à de bons apports en DHA pendant cette période créent des connexions neuronales plus stables, ont une meilleure attention visuelle, un développement du langage plus fluide et un meilleur contrôle émotionnel [1].
Pour les nourrissons, de nombreuses formules infantiles sont désormais enrichies en DHA et en ARA (acide arachidonique). C’est une excellente nouvelle. L’OMS recommande que les formules contiennent au moins 0,3 à 0,5 % de DHA, avec un apport égal ou supérieur en ARA. Ce duo permettrait de soutenir au mieux le développement du cerveau et de la vision. Les nourrissons nourris ainsi présentent un développement cognitif et visuel similaire à ceux allaités [2], même si l’allaitement reste le meilleur choix, quand il est possible, notamment pour l’immunité. Voir la lettre du Professeur Joyeux, l’allaitement, le meilleur des vaccins et 12 réponses sur l’allaitement (et sur les vaccins). Voir aussi la lettre de Christine Bouguet Joyeux : Quel lait pour nos bébés ? (en trois parties).
Motricité et qualité des mouvements à 12 semaines
Une étude néerlandaise a étudié la qualité des mouvements spontanés à 12 semaines chez des nourrissons. Résultat : 61 % des bébés dont les mères avaient reçu uniquement du DHA montraient des mouvements légèrement anormaux, contre 34 % avec DHA+ARA et 31 % dans le groupe contrôle. Cela suggère que l’équilibre DHA/ARA est fondamental pour soutenir un développement moteur optimal [5].
Oméga-3, allergies et immunité
Des recherches récentes suggèrent que les enfants supplémentés tôt en DHA (et ARA) présentent un profil immunitaire plus équilibré. On observe moins de cytokines pro-inflammatoires et une tendance à développer moins d’allergies respiratoires ou cutanées [2]. Cela s’expliquerait par une meilleure maturation de l’immunité innée et adaptative.
Les chercheurs s’intéressent également à l’effet des oméga-3 sur la prévention des maladies auto-immunes et des troubles inflammatoires chroniques. Il semble que ces acides gras réduisent la perméabilité intestinale, en lien avec le fameux axe intestin-cerveau.
Les enfants supplémentés en DHA tôt dans la vie présentent un profil immunitaire plus équilibré et moins de risques d’allergies
A l’école
- Apprentissage et compétences scolaires : une piste pour les enfants en difficulté
Une étude italienne récente (2023) a mesuré les taux d’oméga-3 et oméga-6 dans le sang de 42 enfants d’âge scolaire. Elle a mis en évidence un lien clair entre l’équilibre oméga-6 / oméga-3 et les performances en lecture, même chez les enfants sans trouble du langage. Les chercheurs ont également observé que le statut nutritionnel, en interaction avec les niveaux d’oméga-3, pouvait influencer la vitesse de lecture, les erreurs, et même les capacités d’écriture [4]. Les enfants ayant un bon équilibre oméga-6/oméga-3 lisaient plus vite, avec moins d’erreurs.
Et si la difficulté scolaire de certains enfants était liée aussi à une carence en bons lipides ?
Un bon équilibre oméga-6/oméga-3 améliore l’attention, réduit les erreurs de lecture et soutient les performances scolaires des enfants
2. Oméga-3 et attention : des effets bien réels
Des tests standardisés ont montré une amélioration de l’attention soutenue et de la mémoire chez les enfants recevant des oméga-3, y compris dans des contextes non pathologiques. Le ratio oméga-6/oméga-3 joue ici un rôle clé : un meilleur équilibre favorise des performances plus stables et moins de fatigabilité mentale [1,3].
3. TDAH, agitation, anxiété : une aide supplémentaire précieuse
Les troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité touchent de plus en plus d’enfants. Plusieurs méta-analyses ont conclu que les enfants atteints de TDAH présentent souvent des taux d’oméga-3 plus faibles. Une étude danoise a montré que la prise d’huile de poisson riche en EPA (plutôt que DHA seul) pendant 4 mois améliorait le comportement, l’attention, et diminuait l’anxiété et les troubles du comportement chez les enfants de 7 à 12 ans [3].
Le ratio oméga-6/oméga-3 est ici aussi essentiel : un déséquilibre chronique favorise l’instabilité émotionnelle et l’hyperactivité [1,3].
Ce n’est pas un traitement miracle, mais un soutien validé, à intégrer dans une approche globale.
4. Et si les oméga-3 influençaient aussi le QI ?
Certaines études montrent que les enfants exposés à un bon apport en DHA pendant la grossesse ou l’allaitement ont un score plus élevé au Mental Development Index (MDI), utilisé comme proxy du QI chez les nourrissons. Des effets positifs ont aussi été retrouvés sur la compréhension orale, la mémoire de travail et la planification (fonctions exécutives) à l’école [1].
Points d’attention
- – Trop d’oméga-6, pas assez d’oméga-3 : un problème de société
Notre alimentation moderne est très riche en oméga-6, mais pauvre en oméga-3.
Il faut réduire les sources d’oméga 6 : huile de tournesol, huile de maïs, huile de soja, de pépins de raisin. Dans les plats et biscuits industriels, on se méfiera par exemple des ingrédients comme « matières grasses végétales », « huiles végétales ». NB : L’huile d’olive n’est pas problématique, elle ne contient que 8 à 10% d’oméga 6, c’est une alternative sûre et saine, même pour la cuisson.
Pour chaque gramme d’oméga-3, nous consommons parfois jusqu’à 20 grammes d’oméga-6… alors que l’équilibre optimal serait plutôt de 4 pour 1. Ce déséquilibre favorise l’inflammation de bas grade, l’irritabilité, les troubles de l’attention, et même certains cas de dépression infantile.
Des chercheurs ont montré que ce ratio oméga-6 / oméga-3 est corrélé à la performance cognitive. Et bonne nouvelle : en agissant sur l’alimentation (plus de poissons gras, de graines de lin, d’huile de colza, moins d’aliments transformés), ce ratio peut s’améliorer en quelques semaines.
- – Pollution aux métaux lourds :
Tous les poissons ne se valent pas. Des études, notamment chez les enfants inuits, montrent que les bienfaits cognitifs du DHA peuvent être altérés si l’enfant a été exposé en parallèle à de fortes doses de mercure ou de PCB (polluants présents dans certains poissons prédateurs) [6].
✅ À privilégier : sardines, maquereaux, harengs, anchois (riches en oméga-3, peu contaminés).
❌ À éviter : thon rouge, espadon, requin (riches en mercure).
- – Astuce : si comme moi vos enfants aiment le poisson pané, privilégiez le merlu, qui est de plus petite taille que le colin et moins contaminé au mercure. Quant au cabillaud, c’est un poisson de grande taille, mais il reste assez bas dans la chaîne alimentaire. Il se nourrit surtout de petits invertébrés (comme les crustacés ou mollusques), ce qui limite fortement son exposition aux métaux lourds comme le mercure.
Donc le merlu et le cabillaud= acceptables. Le colin= à éviter.
Surtout, lisez bien la composition ; parfois, les industriels appellent poisson pané ce qui ne contient in fine que 34% de poisson..
Des pistes concrètes pour nos assiettes
- – Grossesse : maquereaux, sardines, harengs, œufs enrichis en DHA (labels spécifiques comme Bleu Blanc Coeur), huile de colza bio, ou de cameline. Pour le lin, attention à la garder au frigo et à la consommer rapidement car elle s’oxyde vite. Il existe également des mélanges d’huiles à oméga 3 tout prêts (en magasin bio) : c’est une bonne solution, notamment pour le lin qui est protégé de l’oxydation par d’autres huiles.
- – Allaitement : mêmes sources, ou complémentation
- – Enfant : petits poissons gras (maquereau en rillettes maison), huile de cameline sur les légumes, noix, graines de chia (en pudding), algues (en paillettes dans les soupes !).
- – Enfants difficiles : il existe des gommes à mâcher ou capsules aromatisées spéciales enfants.
Et demain ?
Des chercheurs explorent l’impact des oméga-3 sur la prévention des troubles autistiques, sur la qualité du sommeil, et même sur l’immunité via l’axe intestin-
cerveau. Il semble que ces acides gras soient autant des alliés du cerveau que du système immunitaire.
En conclusion
Les oméga-3 ne sont pas juste des « bons gras » à la mode. Ils sont des alliés précieux du développement de nos enfants : pour leur cerveau, leur attention, leur comportement, leur immunité… À condition de bien les choisir et de veiller à l’équilibre global de leur alimentation.
Avec toute mon affection et mon engagement pour vous partager ce que la science nous apprend… pour que nos enfants grandissent heureux, équilibrés et lumineux ✨
NB : Si vous souhaitez en savoir plus, et que le format audio vous convient mieux, vous pouvez acquérir l’enregistrement de notre webinaire sur Les acides gras essentiels et non essentiels : oméga 3, 6, 9.
Lucie
Références scientifiques
[1] Sherzai D et al. A Systematic Review of Omega-3 Fatty Acid Consumption and Cognitive Outcomes in Neurodevelopment. Am J Lifestyle Med. 2022. https://doi.org/10.1177/15598276221116052
[2] González FE, Báez RV. IN TIME: IMPORTANCE OF OMEGA 3 IN CHILDREN’S NUTRITION. Rev Paul Pediatr. 2017 Jan-Mar;35(1):3-4. doi: 10.1590/1984-0462/;2017;35;1;00018. PMID: 28977310; PMCID: PMC5417803.
[3] Cheatham, C.L., Nerhammer, A.S., Asserhøj, M. et al. Fish Oil Supplementation During Lactation: Effects on Cognition and Behavior at 7 Years of Age. Lipids 46, 637–645 (2011). https://doi.org/10.1007/s11745-011-3557-x
[4] Borasio F, De Cosmi V, D’Oria V, et al. Associations between Dietary Intake, Blood Levels of Omega-3 and Omega-6 Fatty Acids and Reading Abilities in Children. Biomolecules. 2023 Feb 15;13(2):368. doi: 10.3390/biom13020368. PMID: 36830737; PMCID: PMC9952928.
[5] van Goor SA, Dijck-Brouwer DA, Doornbos B, et al. Supplementation of DHA but not DHA with arachidonic acid during pregnancy and lactation influences general movement quality in 12-week-old term infants. Br J Nutr. 2010 Jan;103(2):235-42. doi: 10.1017/S0007114509991528. PMID: 19703327.
[6] Boucher O, Burden MJ, Muckle G, et al. Neurophysiologic and neurobehavioral evidence of beneficial effects of prenatal omega-3 fatty acid intake on memory function at school age. Am J Clin Nutr. 2011 May;93(5):1025-37. doi: 10.3945/ajcn.110.000323. PMID: 21389181; PMCID: PMC3076654.